La calligraphie persane a différent styles. Celui représenté ici est le style "shekasteh" d'un manuscrit de l'époque Safavide.

L'écrivain Will Durant dit : "Les iraniens antiques, avec un alphabet de 36 lettres, utilisaient des crayons et des stylos pour écrire, au lien des tablettes utiliées à l'époque." Telle était la créativité déployée dans l'art de l'écriture. L'importance de l'art de la calligraphie dans les travaux de poteries, les objets métalliques et les bâtiments historiques était telle qu'on aurait l'impression d'un manque sans la calligraphie ornementative qui les décorait.

Les Enluminures, et spécialement dans le Coran et des travaux tels que le Shâh Nâmâ, le Divan de Hafez, le Golestan, le Boustan et autres sont reconnues comme des œuvres d'une très grande valeur pour leur seule calligraphie. De très nombreuses œuvres calligraphiques sont préservées dans des musées et des collections privées dans le monde entier, comme au Musée de l'Ermitage de Saint Petersbourg et à la Galerie d'art Freer de Washington entre autres.

                                                 

                           Exemple de graphie nastaliq au dessus d'une peinture de Behzad

L'écriture cursive

Plus déliée et plus souple, l'écriture naskhi, qui apparait vers le Xe siècle ne contient pas de caractères anguleux, ce qui ne l'empêche pas de prendre de nombreuses formes différentes. La proportion des lettres s'établit à partir du Alif , une lettre constituée d'une simple barre verticale. Dans les textes, six styles d'écriture sont en général distingués, mais sans que des exemples en soit montrés. La difficulté est donc de différencier ces styles et de leur donner le bon nom.

          Exemple de naskhi dans un manuscrit médical (livre des dioscorides) du XIVe siècle

  1. Le naskh, ou naskhi, est une écriture cursive simple, utilisée dans les correspondance avant que les calligraphes s'en emparent et l'utilisent dans les Corans. elle est à la fois fine et souple, sans accent particulier, et se caractérise par une grande lisibilité.
  2. Le thuluth est une écriture plus monumentale, énergique, aux hampes étirées. Elle est surtout employée par les mamelouks, aux XIVe et XVe siècles.
  3. Le tawqi' apparait déjà sous le règne des califes abbassides, qui s'en servent pour signer des actes officiels. Avec ses hampes étirées et ses larges courbes sous la ligne principale, elle est restée une écriture de chancellerie peu usitée.
  4. Le rika' est une version miniature du tawqi', également très peu utilisé.
  5. Le muhaqqaq est une écriture ample, alerte. Les terminaisons des lettres sont allongées et leurs courbes aplaties soulignent le texte.
  6. La kayhani est une version miniture du muhaqqaq.

 

Exemple de graphie muhaqqaq dans un Coran contenant une traduction en persan du XIIIe siècle. Musée National d'Iran.

Mais ces six calligraphies canoniques ne sont pas les seules utilisées. Certaines, comme le Ghubar, sont réservées à des usages spécifiques. Cette calligaphie minuscule, dont le nom vient du mot arabe "poussière" servait à copier des corans minitaures. D'autres sont caractéristiques d'une région, comme le nastaliq. cette écriture, dont le nom signifie "pendant, accroché" apparaît à partir de 1370 et n'est utilisée que dans le monde iranien. Elle est la contraction du naskh et du taliq', une écriture de chacellerie dont on ne connaît que très peu d'exemples datables des Xe, XIe et XIIe siècles, et se caractérise par sa finesse, son caractère un peu suspendu et des contrastes forts de pleins et de déliés. Assez peu employée pour les Corans, elle sert plutôt à transcrire de la poésie et des actes administratifs.


Les calligraphies à têtes humaines existent en Iran aux XIIe-XIIIe siècles, et évoluent peu à peu vers des calligraphies animées, où l'ensemble de la lettre prend une forme d'Homme ou d'animal.

                                               

 

La signature stylisée (ou Tuğra, tughra طغراء; ) du Sultan Ottoman Mahmud Khan. L'indication Mahmud Han bin Abdulhamid muzaffer daima signifie "Mahmud Khan fils d'Abdulhamid est toujours vainqueur."

Les Ottomans ont été de grands créateurs en matière de calligraphie. Il ont ainsi récupéré le taliq', cette écriture de chancellerie iranienne peu utilisée pour l'utiliser dans des épitaphes et dans la poésie. Ils ont également mit au point le divani, un style réservé à la chancellerie (son nom vient du divan, qui est le conseil des ministres). Très serrée, elle multiplie les diacritiques et les petits ornements et se caractérise par un élan vers la gauche, ce qui la rend compliquée à déchiffrer. On peut enfin citer les tughra, ces signatures de sultans ottomans qui se présenent sous forme de monogramme en tête des documents officiels. Apparues au milieu du XVe siècle, ces tughra se perfectionnent au fur et à mesure des règnes pour atteindre un grande complexité. Elle se caractérisent par trois hampes, symbolisant peut-être les trois étendards en queue de yack des premiers turcs ottomans ou les trois doigts et le pouce du sultan, et contiennent à la fois le nom du souverain, celui de son père et une formule gérérique.

Dans l'Inde des sultanats, une calligraphie exclusivement coranique est également créée aux XIVe-XVe siècles : le bihari.

La calligraphie, le plus musulman des arts de l'Islam, peut aussi avoir des côtés figuratifs. En réalisant des entrelacs avec des mots écrits ou en utilisant la micrographie, les calligraphes parviennent ainsi à produire des images figuratives. Les textes utilisés sont parfois courts: il peut s'agir simplement des termes "Allah", "Muhammad", ou "Ali". Plus longue, la "Basmala" est parfois utiliséé. Le cas extrême se rencontre dans la micrographie, grâce à laquelle des sourates entières écrites de manière minuscule forment un mot ou une image. La micrographie est présente surtout sur des rouleaux talismaniques [1]. Cette technique jouit d'un grand essor en particulier dans les trois empires safavide, ottoman et moghol au XVIIe siècle.

Pour la plupart elles sont liées à la religion, notamment au mysticisme. Ainsi en est-il de l'image de 'Ali, l'Homme idéal des mystiques chiites, et de de symboles animaliers qui lui sont rattachés, tel le lion (Haydar en arabe, correspondant au surnom de 'Ali [2]), un cheval (Duldul, sa monture) [3], qu'un sabre (son Dhu al-Fiqar). D'autres sont chargées de sens différents, comme cet homme en prière [4], ou des animaux comme le poisson [5], la cigogne [6] ou d'autres oiseaux tel le Hudhud coranique [7]. On trouve aussi des objets comme un bateau (ici fait de la lettre waw, symbole sufi de l'union avec Dieu) [8], ou des architectures (mosquée par exemple).

Dans l'enseignement de la calligraphie, pour aider à visualiser les formes de lettres, les professeurs recourent souvent à la comparaison avec des images. Par exemple, le ha initial ressemble en nasta'liq à deux yeux, ce que reflète son appellation persane "le he' deux-yeux" he' do tcheshm.

Calligraphie cursive occidentale (sorte de thuluth aux hampes grasses) sur stuc, Medersa Bou Inania de Fès

 

Calligraphie cursive occidentale sur céramique                                              

Ce rondeau indien présente sur calligraphie "en miroir", où est huit fois répété le mot "Le glorieux", qui désigne Dieu                                                  

Mosquée de Koufa : en haut, calligraphie coufique en jaune et naskhi en blanc ; en bas, coufique aux hampes nouées en jaune et thuluth dans le cadre au dessus

 

Liens externes

(en) Art Arabic Calligraphy

Calligraphie

 La calligraphie est, étymologiquement, l'art de bien former les caractères d'écriture. Ce mot provient des radicaux grecs κάλλος kállos (« beau ») et γράφειν gráphein (« écrire »). Presque toutes les civilisations qui pratiquent l'écriture ont développé un art de la calligraphie. Toutefois, certaines d'entre elles l'ont élevé à un statut spécial en fonction de contextes historiques ou philosophiques particuliers.

Dans plusieurs civilisations orientales la calligraphie fait partie des sciences occultes, hiérurgie (la pensée, le pinceau, le trait et l'idée philosophique sont indissociables). Elle est aussi en occident l'art des moines copistes et enlumineurs

L'utilisation de l'écriture comme un art est l'une des composantes les plus caractéristiques des arts de l'Islam.

L'arabe est la langue de la révélation coranique pour la religion musulmane. Cette langue se diffuse très rapidement dans tout le monde islamique, pendant la conquête musulmane. L'écriture fait de même, puisque très tôt, le Coran est recopié, et l'écrit devient un des principaux moyens de diffusion du message religieux. Si la langue est à la fois un outil liturgique, de communication et de transmission de savoir, l'écriture possède donc, parallèlement, une triple fonction : religieuse, utilitaire et ornementale. L'écriture varie selon la nature et la destination des écrits et des supports.

                                              

calligramme en arabe

On compte de nombreux styles calligraphiques, divisés en deux grandes catégories : le kufique, aux caractères angulaires, qui naît très tôt avec l'écriture hijazi des premiers Corans et se développe, tant en Égypte qu'en Iran et le cursif, aux caractères déliés. Ces deux grands types varient énormément, selon le pays et l'époque où ils sont employés. On peut citer par exemple, pour les calligraphies angulaires, le kufique tressé, où les hampes se mêlent, ou encore le kufique animé, dont les lettres se terminent par des visages humains et animaux. Dans les cursifs, on distingue en général six styles canoniques :

  • le naskhî, l’un des premiers à se développer, rapide et lisible, très utilisé dans le monde arabe. Une de ses variantes, le maghribî, est usitée en Al-Andalus et au Maghreb ;
  • le muhaqqaq, en faveur sous les Mamelouks, penché vers la gauche ;
  • le thuluth, également très utilisé à la période mamelouke en Égypte, qui se caractérise par la hauteur des hampes ;
  • le rayhânî ;
  • le riqâ’, proche du thuluth, qui sert uniquement dans des documents administratifs ;
  • le tawqî’, à propos duquel on peut faire la même remarque.

Pour les langues étrangères à l'arabe (persan, turc, berbère, ourdou, croate ou encore swahili), d'autres styles se développent, comme le nasta'lîq, écriture inclinée, mélange du naskhî et du ta'lîq, qui sert en particulier dans les manuscrits persans.

La déclinaison en un vaste corpus de calligraphies n'empêche pas une unité rarement présente dans le reste de l'art islamique : l'écriture est donc un symbole fort d'unification et de distinction, qui mène parfois à la création de pseudo-calligraphies, illisibles, mais marqueurs forts d'une identité islamique.

Voir aussi  

Bibliographie  

  • Claude Mediavilla, Calligraphie, Paris, Imprimerie nationale Éditions, 1993.
  • José Frèche, La Chine, XO, ISBN 2.84563.248.7
  • François Cheng, L'écriture poétique chinoise, Seuil, ISBN2.02.004534.6
  • Ghani Alani,Calligraphie arabe : Initiation. Editions Fleurus, 2001.
 

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