Les carreaux de céramique sont une caractéristique unique des mosquées bleues d'Esfahan. À l'origine, Kashan (kash+an signifiant littéralement "le pays des carreaux") et Tabriz étaient les deux plus célèbres centres de production de mosaïques et de carreaux de céramique en Iran

LES GRANDS FOYERS DE CRÉATION

MÉSOPOTAMIE ET PERSE

 

Les centres les plus importants ont changé au cours des siècles et des vicissitudes politiques.

Trois zones géographiques distinctes, furent essentielles.

Aux IXe et Xe siècle, la Mésopotamie autour de la capitale des Abassides, Samarra,

ainsi que la Perse avec les centres de Nichapour et Samarcande, dominent la

production.

C’est là que furent inventées les premières faïences et le lustre métallique. Cependant

ces techniques étaient délicates à mettre en oeuvre et sans doute réservées à la

vaisselle d’apparat destinée à une clientèle aisée. Mais dans cet espace d’autres

techniques étaient utilisées par les potiers. Elles ont été révélées par les fouilles.

Les objets d’usage courant recevaient un décor jouant sur les effets de relief réalisés

par incisions, ou moulages. Le décor pouvait être aussi coloré. Trois couleurs se

retrouvent fréquemment : le vert obtenu grâce à l’oxyde de cuivre, le brun grâce à

l’oxyde de manganèse et le bleu grâce au cobalt. Des mines de cobalt furent en effet

découvertes en Iran et le cobalt fut dès lors employé par les potiers musulmans. Ce

colorant fut exporté vers la Chine où il permit la mise au point des fameuses

porcelaines “ bleu et blanc ”. En contact avec la Chine grâce à la route de la soie,

les musulmans en subirent aussi les influences et ils cherchèrent à imiter la porcelaine

blanche, “ les blancs chinois ”. C’est la raison pour laquelle on trouve dans les

productions de cette époque des monochromes obtenus grâce à l’utilisation d’une

pâte siliceuse proche par ses effets de la porcelaine, mais différente quant à sa

composition.

De façon générale, la céramique islamique de ces régions était ornée le plus souvent

de motifs symétriques et géométriques. Quand ils sont figuratifs (surtout animaux),

ils sont très stylisés. Dés cette époque l’utilisation des phrases du Coran donna

naissance à un décor épigraphique caractéristique de cet art et présent dans les

édifices religieux.

                                       Les Safavides (1501-1722)

Aux XVIe et XVIIe siècles, l’empire des Safavides et sa capitale Ispahan développèrent l’art textile (notamment les tapis), l’art du livre. Dans le domaine de la céramique, les potiers fabriquèrent des objets à partir d’une pâte siliceuse blanche très fine proche de la porcelaine et à décor bleu et blanc inspiré de la Chine (Ming); ils utilisèrent aussi le lustre métallique. Les principaux ateliers furent ceux de Meched, Yedz, et surtout Kirman. Les décors figuratifs notamment les frises d’animaux représentés de façon plus ou moins réalistes, étaient très appréciés.

 

LA CÉRAMIQUE PERSE : MÉSOPOTAMIE ET IRAN, IXE-XIIE SIÈCLE

Cette coupe a un fond blanc grisâtre orné d’un décor Composé d’inscriptions bleues et de coulées vertes. La couleur bleue était obtenue grâce au cobalt tandis que le vert résultait de l’utilisation del’oxyde de cuivre.

Cet objet est une pâte argileuse qui a reçu un engobe de couleur blanche et une glaçure plombifère transparente jaune clair comparable à un vernis ce qui lui donne un aspect légèrement brillant. Le décor comprend au centre un oiseau dont les contours sont incisés ce qui laisse apparaître par endroits l’argile rougeâtre. Une frise de quadrupèdes (lapins) et d’oiseaux orne les côtés intérieurs. Le bord est couvert d’une glaçure verte. Les ateliers de Ravy réalisèrent de nombreuses coupes au décor incisé (gravure), ornées de volatiles ou de quadrupèdes parfois accompagnés sur les parois, d’une frise composée d’oiseaux ou de petits animaux mais aussi de décors floraux stylisés ou d’écriture coufique.

 

Ce plat est la plus ancienne faïence du musée. Il est composé d’une pâte argileuse

recouverte d’une glaçure à base d’étain, appelée émail. L’émail confère à la pièce sa couleur blanche, mais surtout l’opacifie et l’imperméabilise. Le décor très sobre se situe au centre du plat et se présente sous forme d’inscriptions de couleur bleue (décor pseudoépigraphique).

Ce gobelet est une céramique blanche monochrome qui a reçu un décor moulé d’arabesques. Il est à base de pâte siliceuse non translucide à la différence de la porcelaine

Il s’agit d’une imitation des blancs de Chine. En effet, à cette époque les ateliers chinois

produisaient des porcelaines blanches incisées ainsi que des grès assez proches par leur

aspect craquelé des céramiques monochromes islamiques.

Situés au sud-ouest de l’Iran, les ateliers de Kirman connurent un important développement

sous la dynastie des Safavides. Ce vase est une céramique siliceuse à décor

polychrome peint sous glaçure. Il a la forme d’une jarre ovoïde qui se rétrécit à la base et

dont l’orifice comporte une bague en cuivre. Il a reçu sur la panse un décor dit “ aux cent daims ”, et sur le col une frise de lotus. Les animaux aux attitudes variées sont traités en frises superposées sur un fond de grosses fleurs. On remarque la représentation assez réaliste et dynamique des daims. Les couleurs - vert et rouge - se détachent sur un fond blanc brillant.

Ce vase n’est pas sans rappeler la porcelaine chinoise puisque sa forme a été rapprochée

de celle des vases de l’époque Yuan (1276-1368). Le décor aux “ cent daims ” fut employé

en Chine durant la période 1573-1620 et au delà pour la porcelaine d’exportation. De

même les couleurs étaient celles de la porcelaine chinoise de la «famille verte». Si cette

influence semble avérée, il faut néanmoins signaler que cette forme et ce motif étaient

connus depuis longtemps des potiers musulmans. Ces derniers les ont réinterprétés et

grâce à un traitement décoratif spécifique, ont réussi à créer des céramiques originales,

différentes des porcelaines chinoises contemporaines.

Ce grand bol en céramique siliceuse comporte un décor composé de fleurs bleues qui se détachent sur un fond blanc. Pour cet objet aussi l’inspiration provient des porcelaines chinoises sans qu’il y ait copie servile. Se rattache à cette pièce, l’aiguière qui est ornée de façon semblable.

L'archéologue Roman Ghirshman croit que "le gout et le talent de ce peuple (Iraniens) peut être perçu à travers les designs de leur production en terre cuite."

Dans les milliers de sites archéologiques et ruines pouvant être rencontrées en Iran, on a pu trouver, dans quasiment chacun d'eux, des objets de terre cuite de qualité exceptionnelle. Des milliers de pièces ont été trouvées à Sialk et à Jiroft.

Le métier de potier ("kuzeh gar") occupe une place particulière dans la Littérature persane.

LEXIQUE DES FORMES

 

1 - Aiguière 2 - Coupe couverte 3 - Pichet

4- Grande coupe creuse sur piédouche

5- Grande coupe creuse sur piédouche

6- Gobelet

7- Bouteille 8- Petit vase 9- Vase ovoïde ou jarre

 

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

QUELQUES GRANDES DYNASTIES ISLAMIQUES

 

600 - 751 Conquête arabe.

661- 750 Dynastie des Umayyades, capitale Damas (Arabie, Maghreb,

Syrie, Irak, Iran).

751 -1258 Dynastie des Abbassides, capitale Bagdad (Arabie, Égypte, Syrie,

Irak, Iran).

1099 -1273 Croisades.

1290 -1922 Dynastie des Ottomans, capitale Istanbul (Turquie d’Europe,

Anatolie, Egypte, Syrie).

1501-1732 Dynastie des Safavides, capitale Ispahan ( Iran, Irak).

http://www.musee-adriendubouche.fr/documents/ceraislamique.pdf

Le statut de la céramique est assez difficile à établir, d'autant que les pièces sont de qualité très variable, depuis la vaisselle commune jusqu'aux objets réservés à une élite. Les productions les plus coûteuses et les plus délicates ont évidemment un rôle de luxe, destiné à la cour, et ne sont pas forcément utilitaires.

La céramique est un art d'atelier, c'est pourquoi les noms de potiers restent le plus souvent inconnus, les pièces ne recevant pas de signatures. En revanche, on connaît un certain nombre de marques d'ateliers. Les lieux de production restent également souvent assez flous, d'autant que les céramiques sont fréquemment exportées, parfois sur de grandes distances, comme produits de valeurs ou comme contenants. On ne peut être sûr d'un lieu de production que grâce à des sources écrites fiables ou (surtout) à l'archéologie, lorsque sont découverts des fours, des ratés de cuisson, des éléments de fabrication, etc.

La fabrication

Matériau de base : la pâte

Il existe deux grands types de pâtes : la pâte argileuse et la pâte siliceuse.

La pâte argileuse est constituée en majeure partie d'argile avec un dégraissant : sable, Chaux, chamotte (argile cuite pilée), voire paille pour les céramiques très communes. Il s'agit d'une pâte souvent facile à travailler, qui constitue la plupart des céramiques jusqu'aux XIIe ‑ XIIIe siècle, et sert ensuite pour les céramiques communes.

La pâte siliceuse au contraire contient au moins 80 % de silice, les 20 % restant se composant d'argile et de dégraissants. Cette pâte très blanche est également extrêmement difficile à travailler en raison de sa dureté.

Aux Xe et XIe siècles, on a également produit des objets en pâte argilo-siliceuse, lors d'essais pour obtenir de la pâte siliceuse.

Étapes du travail

La mise en forme

La mise en forme d'un pièce peut se faire de trois manières : par modelage, au tour de potier ou au moule. La combinaison de ces techniques est fréquente : ainsi, les objets sont souvent moulés en plusieurs parties, auxquelles on ajoute des éléments tournés (pieds, par exemple) et modelés (anses, etc.). L'assemblage de ces éléments se fait grâce à de la barbotine, de l'argile si diluée qu'elle en devient liquide.

Décor

Il existe de nombreuses techniques de décor, auxquelles nous nous intéresserons un peu plus loin. Elles utilisent plusieurs éléments, comme des engobes — une argile diluée, pouvant être colorée, qui couvre tout ou partie de la pièce pour offrir un fond uniforme — et des glaçures, c'est-à-dire du verre, composé de silice et de fondants comme la soude et la potasse (glaçures alcalines) ou le plomb (glaçures plombifères) et recouvrant la pièce en lui donnant de la brillance. Les glaçures peuvent être colorées ou non, transparentes ou opaques, et sont appliquées au pinceau ou en plongeant les objets dans un bain de glaçure liquide.

Pour créer des couleurs, différents oxydes métalliques sont utilisés :

Cuisson

La cuisson est peut-être la partie la plus délicate de la confection d'une céramique, car c'est d'elle que dépend la réussite ou non d'une pièce. Elle s'effectue dans des fours dont le type varie beaucoup en fonction des régions. La température est déterminée par les techniques employées (pâtes, décor).

Les pièces sont en général entassées dans un four, mais pour éviter qu'elles ne se touchent et ne restent colées par les glaçures, on place entre elle des pernettes en argile. Ces pernettes sont en forme d'étoiles à trois branches.

Approche chronologique

Dans cette partie, nous chercherons à présenter chronologiquement les principales innovations apparues dans la céramique islamique. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les méthodes plus anciennes ne s'arrêtent pas brusquement lorsqu'une nouvelle apparaît, et qu'on peut donc trouver des céramiques très « primitives » même sous les dernières dynasties.

Les Omeyyades utilisaient principalement des pâtes argileuses et les techniques déjà mises au point aux périodes précédentes par les Parthes, les Sassanides et les Byzantins. Les céramiques pouvaient donc être soit non glaçurées, mais moulées par exemple, comme dans le cas d'un petit bol et de son présentoir exposés au musée du Louvre, soit couvertes d'une glaçure monochrome.

Deux révolutions ont lieu sous le règne des Abbassides : l'invention de la faïence et celle du lustre métallique.

La faïence en terre d'Islam n'est pas l'équivalent de la faïence européenne. Il s'agit ici d'une céramique en pâte argileuse recouverte d'une glaçure rendue opaque par l'ajout d'agents opacifiants tels que l'étain. Cette technique permet la mise en place d'un décor, peint sur la glaçure, grâce à l'utilisation de différents oxydes. La première couleur utilisée est le bleu de cobalt, qui permet d'imiter des porcelaines chinoises, importées en grand nombre dans le monde islamique à cette période. Peu à peu, d'autres couleurs apparaissent, comme le vert de cuivre, le brun de manganèse ou le jaune d'antimoine.

La céramique jaspée, ou splashware, est une variante de cette technique que l'on trouve à la fin du IXe et au Xe siècle, toujours sous l'influence des céramiques chinoises : il s'agit en fait de glaçures de différentes couleurs (brun, blanc et vert, par exemple) que l'on fait couler sur une pâte argileuse nue.

Le lustre métallique est une invention extrêmement importante, car ce décor restera spécifique à l'art islamique jusqu'au XIVe siècle. Il s'agit d'une technique extrêmement complexe : une pièce de faïence (pâte argileuse + glaçure opacifiée, blanche le plus souvent) est cuite une première fois à 900–950° C. Ensuite, on y dépose des oxydes d'argent et de cuivre, mélangés à de l'argile rouge et à de l'acide, et l'on repasse au four (700–750° C). Le potier doit alors jouer sur les cuissons, en permettant puis stoppant l'arrivée d'oxygène dans le four. Par un phénomène de réduction, les oxydes deviennent du métal qui a pénétré dans la matière vitreuse de la glaçure. La couleur varie du jaune doré au brun via le rouge suivant les proportions initiales d'oxydes d'argent et de cuivre. Au IXe siècle, le lustre était polychrome, mais il est devenu monochrome à partir du Xe siècle, et le restera désormais.

Ces siècles marquent l'apparition et le développement des décors d'engobe, en Iran principalement, mais également dans le reste du monde islamique. Plusieurs techniques sont utilisées, comme le sgraffito (gravure de motifs dans l'engobe), le champlevé (suppression de plages d'engobes pour laisser apparaître la couleur de la pâte) ou l'engobe sur engobe sous glaçure. Les potiers essaient le plus souvent d'imiter la faïence, et combinent parfois un décor champlévé ou esgraffié avec des coulures de glaçures colorées, comme sur l'aiguière à tête animale proposée en exemple. Cependant, sur ces céramiques provenant de la région de Garrus, en Iran, ce n'est pas la pâte qui est dévoilée, mais une seconde couche d'engobe noir situé sous l'engobe blanc.

Mais le XIe siècle est également le cadre d'une nouvelle révolution, avec l'apparition de la pâte siliceuse. Ce type de pâte semble avoir été découvert, ou plutôt redécouvert, car il existait dans l'Antiquité (Égypte, Mésopotamie), en Égypte fatimide (selon Scanlon) ou en Iran saljukide. Il reste toutefois réservé à de grands centres de production, pour des céramiques très luxueuses. La naissance de cette pâte résulta sans doute d'une recherche pour imiter les porcelaines chinoises, bien qu'il n'existât pas de kaolin dans le monde islamique, et aboutit à cette matière blanche, fine et très dure.

Les techniques de décor des céramiques en pâte siliceuse sont nombreuses. En général, on utilise une glaçure transparente, pour mettre en valeur la couleur de la pâte, et les pièces sont moulées plutôt que tournées, en raison de la dureté du matériau. La pièce peut également comporter de petits trous (décor dit « en grains de riz »), ou une inscription gravée. Lorsque le décor est à peine visible, on parle de « décor secret ».

Le minaï (« miniature » en persan), ou haftrang (« sept couleurs » dans la même langue), utilise la technique du décor de petit feu. Il s'agit d'une production spécifique à l'Iran saljukide : les premières pièces datées mentionnent les années 1180 et les dernières, 1210–1220. Le principal centre de production est alors Kashan, mais Rayy pouvait également produire ce type d'œuvres, extrêmement coûteux car compliqué à réaliser. La pièce en pâte siliceuse est tout d'abord cuite une première fois avec de la glaçure, à haute température, puis les couleurs sont posées. Il existe sept couleurs de base : le rouge, le blanc et le noir sont stables, tout comme l'or, dont la température de fusion se situe vers 1063° C ; par contre, le vert, le brun et le bleu sont instables, et peuvent subir quantité de nuances. Une deuxième cuisson a alors lieu vers 600° C, en atmosphère oxydante (l'oxygène peut entrer dans le four), chaque pièce devant être isolée dans un caisson ; c'est à ce moment que le potier peut tenter de nuancer ses teintes, en jouant sur les températures. Une température trop élevée ou trop basse peut cependant être fatale à la fournée.

Dans un suprême raffinement, il arrive que les techniques du lustre et du haftrang soient combinées, engendrant au moins trois cuissons : une pour la pâte et la glaçure, ainsi qu'éventuellement les couleurs stables, une pour le lustre, avec le changement d'atmosphère (oxydante et réductrice) et une pour les couleurs.

Le haftrang se distingue aussi par son décor qui reprend sans doute les peintures contemporaines (bien qu'aucun manuscrit ne puisse confirmer cette hypothèse), avec des scènes figuratives parfois très développées et qui peuvent faire appel à la littérature, comme pour la coupe avec Bahram Gur et Azadeh conservée au Metropolitan Museum of Art, qui fait référence au Shâh Nâmâ de Ferdowsi ou au Khamsa de Nizami.

La production très peu abondante de haftrang s'interrompt brusquement avec les invasions mongoles. La technique du petit feu, quant à elle, perdure avec le lajvardina.

Il faut noter enfin la naissance, en Syrie, d'une nouvelle forme de décor : le peint sous glaçure transparente, qui utilise moins de couleurs (bleu cobalt, noir, puis un peu plus tard rouge de fer, qui vire souvent au vert kaki), mais permet de réaliser la pièce en une seule cuisson, et diminue d'autant les risques qui y sont liés. La pâte utilisée peut être argileuse ou siliceuse, notamment en Anatolie Saljukide.

Le lajvardina est la perpétuation des techniques de petit feu chez les Mongols. Le terme signifie « lapis-lazuli » en persan, ce qui se justifie par l'emploi fréquent d'une glaçure de fond d'un bleu très soutenu. Cette technique est longuement décrite dans le traité d'Abu’l Qasim mais ne fut employée qu'à la fin du XIIIe et au XIVe siècle (dernier jalon : 1374–1375), dans le centre de Kashan notamment (seul centre certain). Les couleurs utilisées sont moins nombreuses que dans le haftrang : bleu, blanc, rouge et or seulement, mais également posées sur la glaçure et cuites à basse température dans une seconde cuisson. L'or peut également être posé à froid.

Des nouveautés dans le lustre apparaissent aussi chez les mongols, avec l'emploi de réhauts de cobalt et/ou de turquoise, et l'apparition de carreaux à la fois moulés et lustrés. Le lustre est d'ailleurs extrêmement utilisé dans le décor architectural, tandis que les céramique de forme sont souvent de type sultanabad, avec un décor à l'engobe sur engobe sous glaçure.

Le XIVe siècle voit aussi éclore, plus à l'ouest, la technique de la cuerda seca. Cette expression signifie « corde sèche » en espagnol, car les potiers séparaient les couleurs grâce à une sorte de cloison en matière noire (huile ou cire avec du manganèse) posée à l'aide d'une corde. À la cuisson, cette matière brûle, ne laissant qu'une trace noire. Cette technique, utilisée dans le Çimili Kiösk à Istanbul, est également très présente dans les décors architecturaux safavides.

La mosaïque de céramique fut inventée semble t-il un peu avant le XIVe siècle, puisqu'on en trouve chez les Saljukides de Rum ; cependant, c'est sous les Timurides au XVe siècle qu'elle connut son heure de gloire. Pour réaliser une mosaïque de céramique, les potiers découpaient dans des carreaux glaçurés de différentes couleurs des formes qu'ils assemblaient ensuite dans un mortier. La céramique sculptée est également parfois utilisée sous les Timurides, dans des colonnes ou des mihrabs par exemple.

Période des trois empires

Alors que les empires safavide et moghol voient l'art de la terre cuite décliner, chez les Ottomans apparaît la céramique d'Iznik. Celle-ci comporte plusieurs particularités : sa pâte est siliceuse, mais du plomb y est ajouté afin de baisser la température de cuisson et d'économiser ainsi des matériaux de combustion. De plus, les céramiques sont recouvertes avec un engobe de même composition que la pâte : il s'agit donc du premier engobe siliceux. Le décor est ensuite peint sous glaçure incolore, et la pièce est cuite en une seule fois. Les couleurs utilisées sont tout d'abord le bleu, puis le turquoise, le vert, le rose, le gris, le noir, le pourpre et le brun apparaissent. Mais c'est le rouge tomate, réalisé avec de l'oxyde de fer, qui va faire la réputation des céramiques d'Iznik.

Conclusion

Ainsi, à travers les siècles et les cultures, la popularité de l’art de la céramique n'a cessé de s'affirmer en terre d’Islam. Les plus belles œuvres qui nous sont parvenues élèvent indéniablement cet art au-dessus d’un simple artisanat bien que la poterie ait toujours conservé un rôle utilitaire chez les classes laborieuses. La diversité et le raffinement des techniques ont permis la création de pièces variées et parfois magnifiques, certaines constituant de véritables chefs-d'œuvre de l'art islamique.

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • (en) A.M. Kleber-Bernsted, Early Islamic Pottery ; Materiels and Techniques, Londres, 2003 ;
  • Arthur Lane :
    • (en) Early Islamic Pottery: Mesopotamia, Egypt and Persia, Faber and Faber, Londres, 1947,
    • (en) Later Islamic Pottery: Persia, Syria, Egypt, Turkey, Faber et Faber, Londres, 1971 ;
  • Jean Soustiel, La céramique islamique, Office du livre (Fribourg) et Dilo (Paris), coll. « Le Guide du connaisseur », 1985 (ISBN 2-7191-0213-X).

Voir aussi : Bibliographie détaillée concernant l'art islamique.

Liens externes

 

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Céramique islamique.

http://www.majidbahrambeiguy.at/gallery-galerie-galerie-negar-xane/31.html

 

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